‘Quoi que je fasse, je ne vais pas y arriver‘. C’était mon quotidien, je le pensais à chaque fois, et ce, avant même d’avoir essayé.
A l’époque je ne le savais pas, mais j’étais atteint d’impuissance apprise, mon ressenti n’était autre que penser que quoi que j’entreprenne, le résultat sera vain. C’est un sentiment permanent, en latence dans l’esprit. ! Ce paradigme désigne « le renoncement suscité par la répétition d’échecs dans une situation donnée, malgré les efforts fournis pour atteindre un objectif. ».
Cette croyance ne dépendait pas d’éléments exogènes, celle-ci émanait bien de l’intérieur. J’étais convaincu de ne pas disposer des ressources nécessaires pour atteindre mes objectifs, passer à l’action. Autrement dit, je pensais fatalement, et de façon permanente que mes efforts sont inutiles et insuffisants, ce qui induit une démotivation constante dans l’action. En somme, l’impuissance apprise n’était autre qu’un frein à mon évolution et mon apprentissage.
Martin Seligman, professeur de psychologie expérimentale et père du concept, a prouvé que l’impuissance apprise est une « discipline » qui s’enseigne consciemment (ou non) à n’importe quel individu. Son illustration parfaite est une expérience réalisée dans une salle de classe qui a été séparée en deux groupes d’individus à qui l’on a confié des anagrammes.
Le premier groupe dispose de trois anagrammes assez faciles à reconstituer ; le second groupe a trois anagrammes, dont les deux premières sont impossibles, tandis que la troisième est similaire à celle du premier groupe. Bien évidemment, tous pensaient avoir le même sujet. Les élèves devaient lever la main dès que l’anagramme était résolue.
En voyant le premier groupe résoudre très rapidement les deux premières anagrammes, les personnes du second groupe — d’abord stupéfaites — ont fini par douter d’elles-mêmes et de leurs capacités, à tel point que certaines n’ont même pas essayé de résoudre la troisième anagramme qui était pourtant complètement à leur portée. C’est comme si leur cerveau leur avait murmurait : « n’essaye même pas, tu n’en es pas capable ».
Il a suffi d’une simple confrontation à un groupe supposé plus performant pour enseigner la croyance « n’essaye même pas » dans le cerveau du deuxième groupe.
Hélas, combien de fois j’ai entendu en moi résonner cette phrase.
Aujourd’hui j’ai compris que les méthodes d’instructions, dispensées dans les écoles, dans leurs fondements profonds avaient lourdement contribuer à induire ce paradigme d’impuissance, mais pas que. Cette société dans laquelle j’ai évolué, où l’échec est une maladie et la comparaison,une échelle sociale de valeur et de mesure, est aussi à l’origine de ce phénomène. Pire, l’impuissance apprise s’exprime par l’accomplissement d’actions animées par la désespérance qui, à long terme, peuvent engendrer des pathologies similaires à l’asthénie.
J’ai compris que cette impuissance apprise n’est qu’une chaîne invisible qui bride mon cerveau et mes capacités, j’ai revu mon rapport à l’échec, je ne le perçoit plus comme une fin à éviter par tous les moyens mais comme un berceau de la progression car Ne pas échouer, c’est ne pas apprendre, comme une leçon, une expérience empirique que je mènerai malgré moi, à laquelle il faut que je donne du sens pour en tirer les meilleurs enseignements.
J’ai compris qu’il fallait valoriser les essais, les efforts, et la persévérance, peu importe le nombre d’échecs. Essayer, se tromper et recommencer ! Alors je me donnerais l’opportunité d’échouer encore et encore et ainsi seulement j’évoluerais. Je sortirais de ma zone de confort, et désactiverais cette application malveillante qui a été induite en moi.
Aujourd’hui, je suis prêt, prêt à échouer mais surtout prêt à apprendre